La fin du « web scraping » au profit d’APIs : une fausse bonne idée
Les banques campent sur les positions de l’EBA
Garantir aux Fintech un accès parallèle aux comptes
Au-delà de la question sécuritaire, c’est à se demander s’il ne s’agit pas avant tout d’une tentative de (re)positionnement stratégique de la part des banques. Ces nouvelles normes leur permettraient finalement de reprendre la main sur un marché qui tend à leur échapper depuis le tsunami Fintech. Car elles impliqueraient de fait que les startups ne deviennent que de simples « tributaires des banques, en positionnant les banques en tant que « gardiens » du secteur », comme l’a déclaré très justement Bankin dans un communiqué. Une telle évolution fait craindre un écrasement de la concurrence face aux mastodontes bancaires et, avec lui, un étouffement de l’innovation.
Les Fintech revendiquent alors la garantie d’un accès aux comptes parallèle à celui préconisé par l’EBA. Comme le résume le manifeste, « la seule manière de s’assurer que les banques soient incitées à développer [ces plateformes] et à les mettre à jour est de rendre leur usage optionnel ». La Commission européenne a clairement entendu les arguments des acteurs Fintech. Son vice-président,Valdis Dombrovskis, a ainsi appelé il y a quelques jours l’EBA à revoir sa copie et à « reconsidérer les standards d'échanges prévus pour permettre aux Fintech d'accéder aux données des clients des banques ».
La balle est désormais dans le camp de l’EBA.
Rendre à César ce qui est à César
In fine, on ne peut que regretter l’absence des clients dans le débat qui les concerne, car c’est bien aux clients que ces données appartiennent, quoi qu’en veulent les acteurs du secteur. A force d’ignorer ceux qui devraient avoir la parole, la dynamique d’insatisfaction des utilisateurs envers leurs partenaires financiers, qu’ils soient traditionnels ou représentants des jeunes pousses technologiques, ne pourra qu’être catalysée. Comme le rappelle une étude publiée par le cabinet de conseil en stratégie Bain & Co à la fin de l’année dernière, les clients n’ont jamais été aussi infidèles et insatisfaits de leurs banques. Avec l’entrée en vigueur du dispositif de la loi Macron facilitant la mobilité bancaire en février 2017, le risque est de voir les clients se tourner vers les banques qui servent aux mieux leurs intérêts, et répondent activement à leurs besoins. Y compris en ce qui concerne leur volonté d’utiliser des agrégateurs et prestataires de service de paiement.
Découvrez notre article sur la Fintech et la Chine, ainsi que la révolution Fintech grâce à la data.